9-Amour, Gloire et Bouffer

Quand deux ados tombent en amitié.

Vocabulaire

  • kiffer : aimer

  • une dédicace : un hommage

  • la 5ème : niveau pour élèves de 12/13 ans

  • une tenue : un vêtement

  • un drap : un grand tissus pour le lit

  • immense : très grand

  • un tissu : matière en coton, en lin...

  • la 4ème : niveau pour élèves de 14/15 ans

  • la filière Euro : filière Européenne

  • les tâches de rousseur : pigments sur la peau

  • la porcelaine : Produit céramique généralement blanc

  • Katharine Hepburn : actrice américaine née en 1907

  • Rita Hayworth : actrice américaine née en 1918

  • Marylin : Marylin Monroe

  • se confier : dire des choses intimes sur soi

  • s'adresser à quelqu'un : parler

  • fusionnel : qui partage tout

  • rival : en compétition

  • fasciner : attirer irrésistiblement

  • un bibelot : un petit objet

  • kitch : objet de mauvais goût

  • le magazine Muze : revue mensuelle littéraire et culturelle

  • une citation : une phrase d'auteur

  • un extrait : un passage, un morceau

  • Lee Miller : photographe américaine née en 1907

  • un buste nu : le haut du corps dévêtu

  • arranger : organiser

  • tomber amoureux : ressentir de l'amour

  • le psy : le psychiatre

  • un documentaire : un reportage

  • Daphnée du Maurier : romancière anglaise née en 1907

  • L'auberge de la Jamaïque et La crique du Français, Rébecca : romans de Daphnée du Maurier

  • Autant en emporte le Vent, roman de Margaret Mitchell

  • Le Rouge et Le Noire, roman de Stendhal

  • Liaison Dangereuses, roman de Choderlos de Laclos

  • Antigone, tragédie grecque de Sophocle

  • Rodrigue et Chimène

  • défier : affronter

  • des mots : des messages

  • la cantine : le restaurant scolaire

  • le réfectoire : le lieu de restauration

  • du rab : du surplus, du supplément

  • une devise : une formule

  • Amour, Gloire et Bouffer : en référence à Amour, Gloire et Beauté, feuilleton télévisé américain (The Bold and the Beautiful)

  • un casier : un emplacement pour ranger les affaires à l'école

  • la peau mate : la peau bronzée

  • la Vendée : département francais sur la cote Atlantique

  • se balader : se promener

  • une fleur bleue : sentimental

  • lâcher : dire un secret

  • enchainer : poursuivre

  • amoureuse : qui ressent de l'amour

Coucou,

Si vous êtes toujours là c’est que vous kiffez les histoires d’amours, et vous avez sans doute envie de savoir qui sont les autres amoureux que j’ai évoqué dans les deux épisodes précédents. Je vous ai déjà parlé de Julien et Thibault. Pour Thibault je vous ai dit que personne savait, jusqu’au jour où le secret a été révélé. J’avoue c’est pas vrai, quelqu’un d’autre a su. Une amie très précieuse et c’est à elle que je dédicace cet épisode…

Bienvenue sur le podcast : La Vie d’Alix

La première fois que j’ai rencontré Margaux, c’était en cours de latin, en 5ème. Elle se tenait debout devant le tableau pour un exposé sur les tenues portées dans la Rome antique. A la fin de l’exposé, elle avait sorti un long drap blanc et son binôme l’avait vêtue de cet immense tissu. Elle était belle. Je l’admirais déjà. On était pas dans la même classe, on se voyait deux fois par semaine en cours de latin. On s’est retrouvées ensemble en 4eme, elle avait choisi la filière euro elle aussi. Je me souviens l’avoir observée attentivement pendant les cours. Elle se tenait bien droite, le menton relevé, elle paraissait très sure d’elle. Elle était élégante. Sa peau teintée de taches de rousseur ressemblait à de la porcelaine. Son teint blanc et ses lèvres roses, ses yeux bleus ciel et ses cheveux longs et épais, châtains foncés, tout cela lui donnait un air d’actrice des années 40 ou 60. Katharine Hepburn ou Rita Hayworth. D’ailleurs c’est elle qui m’a fait découvrir ce cinéma. Elle était fan de Marilyn. Apparemment, chez elle, ils regardaient tous ces vieux films en noir et blanc le soir après le diner. Je sais plus très bien comment on est devenue amie. Par contre, je sais qu’un jour je lui ai écrit une lettre pour me confier, et je me souviens qu’elle a répondu par une autre lettre magnifique dans laquelle elle s’adressait à moi par ces mots tellement importants à mon cœur : Ma précieuse amie. C’est à partir de là qu’a commencé une amitié profonde, fusionnelle et parfois rivale. Je lisais tout ce qu’elle lisait, je regardais tous les films qu’elle me recommandait, je voulais tout savoir de ce qu’elle connaissait. Son univers me fascinait. Dans sa chambre, il y avait le poster de Titanic sur un mur, des dizaines de figurines de Disney, de maisons miniatures et de bibelots les plus kitsch. Je trouvais ca merveilleux, magique, féérique. Moi aussi j’ai voulu redécorer entièrement ma chambre à mon image. Du jour au lendemain, il n’y eu plus un seul espace sur les murs de ma chambre. Je découpais des images de mode dans le magazine Muse, auquel ma sœur Miroir et moi étions abonnées. Il m’a fallu négocier plusieurs fois avec Miroir pour pouvoir découper ce que je voulais, et j’trouve qu’elle a été plutôt cool avec ça, car tout comme moi, elle adorait ce magazine. Y’avait des citations, des poèmes, des extraits de romans d’artistes très inspirants, qui paraissaient libres et tellement créatifs… et il y avait aussi beaucoup de photo et de mini biographies de belles femmes indépendantes. Je voulais être l’une d’entre elle. Notamment celle de Lee Miller, le buste nu, que j’adorais. Je les affichais toutes. Je passais des heures à les organiser, à les arranger, à faire des montages le plus esthétique possible pour remplir les murs de ma chambre. J’admirais la beauté et le courage de ces femmes. Je suis complètement tombée amoureuse de Marylin. En quelque années, je connaissais tous ces films, toutes les paroles des chansons qu’elles avaient interprétées, tous les hommes qu’elles avaient aimé et épousé et même les extraits audio de ces séances chez le psy que j’avais entendu dans un documentaire. Margaux c’était tout ca : Marylin, Daphnée du Maurier et ses romans d’amour et d’aventure, L’Auberge de la Jamaïque, la Crique du Français, Rébecca, Autant en emporte le vent, Scarlett, le Rouge et le Noir, Liaisons dangereuses, au Bonheur des Dames, Antigone, Rodrigue et Chimène… on dévorait ces chefs d’œuvres et on en parlait pendant des heures. Toutes ces lectures m’enivraient. J’admirais Margaux par sa détermination aussi. Elle allait jusqu’au bout des choses qu’elle entreprenait. Elle défiait même parfois l’autorité pour obtenir ce qu’elle voulait, et j’enviais cette liberté qu’elle avait. On passait des après-midis ensemble, chez l’une ou l’autre, parfois des weekends. On s’écrivait des mots pendant les cours, et de longues lettres pendant les vacances. On avait un jeu à la cantine du lycée, c’était d’arriver au premier service et de partir les dernières, quand le réfectoire était vide. On arrivait parfois en retard en cours à cause de ça. On adorait manger, et on demandait toujours du rab. Le cuisinier avait fini par savoir, et il venait nous voir à la fin pour nous proposer des desserts supplémentaires. Notre devise c’était « Amour, Gloire et Bouffer ». On partageait le même casier au lycée. Y’avait une photo de son frère à l’intérieur de la porte. Ils se ressemblaient beaucoup tous les deux. Il avait aussi les yeux bleus, mais ses cheveux étaient blond foncés et il avait la peau mate. Il était un peu plus jeune que nous, mais plus grand de taille. On le voyait souvent, il était dans le même lycée. L’été de mes 18 ans, sa famille m’avait invitée à séjourner dans leur maison de vacances en Vendée. C’était le paradis. On allait se baigner chaque jour, on mangeait tous les repas dehors, on jouait au volley, on se baladait à vélo, on regardait des films, on allait voir les comédies musicales de la troupe de théâtre du quartier le soir… Margaux, son frère, sa sœur et moi. J’avais l’impression de faire partie de la famille. On était tellement proches qu’on se disait presque tout. Bien sur qu’elle avait su pour Thibault, et qu’elle n’avait rien dit à personne. Tous mes secrets étaient bien gardés. Toujours est-il qu’à ce moment-là je lui cachais un autre coup de cœur que j’avais eu. Vous l’aurez compris, j’étais une véritable fleur bleue. Un jour, j’ai décidé de tout lâcher : « Je voudrais te dire quelque chose, mais j’y arrive pas… »

Elle a enchainé « T’inquiète, je sais, t’es amoureuse de mon frère, c’est ça ?»

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