5- La marmotte

Entrez dans les coulisses du système éducatif Français, et pleurez peut-être, mais surtout riez !

Vocabulaire

  • une marmotte : un animal rongeur qui vit dans la montagne

  • un rongeur : mammifère aux incisives tranchantes tel que le rat, le castor, l'écureuil

  • un écureuil : un petit rongeur

  • une anecdote : une courte histoire

  • maitre nageur : personne habilitée à l'enseignement de la natation, à la surveillance d'une piscine, d'une plage

  • archéologue : spécialiste d'archéologie, étude des civilisations anciennes réalisée à partir des vestiges matériels

  • interprète : personne qui transpose oralement une langue dans une autre ou qui sert d'intermédiaire, dans une conversation, entre des personnes parlant des langues différentes

  • une prépa : une classe préparatoire aux grandes écoles telles que l'ENA, l'ENS, Science Po, Centrale, Polytechnique...

  • une filière : étude différencié permettant aux élèves de s'orienter vers des professions différentes

  • fiche la paix : laisse tranquille

  • bouffer : manger

  • bio : biologie

  • subir : supporter contre son gré une chose pénible

  • énergie cinétique : énergie lié au mouvement

  • bavarder : parler, discuter, avoir une conversation

  • sympa : gentil

  • s'en sortir : réussir

  • la galère : la difficulté

  • un soulagement : un apaisement, une détente

  • se prendre une taule : avoir un échec important

  • une dissert' : une dissertation, exercice scolaire de composition écrite, consistant dans la discussion d'un sujet de littérature, d'histoire ou de philosophie.

  • vaguement : de façon imprécise, peu distincte, confusément

  • agrémenter : enrichir, égayer, décorer

  • les termes du sujet : les mots du sujet

  • des âneries : des idioties, des stupidités, des bêtises, des sottises

  • une copie : une feuille double de papier, de format standard, destinée à la rédaction

  • indigné : outré, révolté, en colère

  • moqueur : Inspiré par la moquerie, qui manifeste de la raillerie, caustique

  • historien : spécialiste des sciences historiques

  • s'attendre à : prévoir quelque chose, le considérer comme probable ou compter dessus, croire, imaginer, penser, présumer

  • la retraite : action de se retirer de la vie active, d'abandonner ses fonctions

  • sous verre : protégé par une plaque en verre

  • encadrer : entourer un objet d'une bordure rigide

Transcription

Vous avez déjà vu une marmotte ? Ce rongeur qui ressemble à un gros écureuil et qui vit dans la montagne. J’en avais vu plusieurs lors d’un séjour dans les Alpes l’été de mes 9 ans. Pour faire plaisir à la maitresse, et parce que j’adorais dessiner, j’avais peint une grande marmotte sur une feuille A3 et je lui avais donné. Cette anecdote est plus importante qu’elle n’y parait, et vous allez voir pourquoi.

Bienvenue dans : La Vie d'Alix

Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ? Ça c’est la question qu’on pose à tous les enfants.

Bon je vous la fait rapide : maitre-nageur, c’est la première chose que j’ai répondue, après s’en ai suivi une liste de métier plus ou moins cool, et je ne suis devenue aucun d’entre eux : écrivain, prof de maths, archéologue, interprète. Après le bac j’ai fait une prépa lettre parce que je voulais pas choisir une matière spécifique. Au moins, en prépa, on fait un peu de tout, sauf des matières scientifiques. Ça c’est bon j’en avais fait plein au lycée. J’avais pris la filière scientifique pour faire plaisir à tout le monde et surtout pour qu’on me fiche la paix. Ouai parce qu’en France les maths c’est mieux vu que la littérature. Au lycée je devais choisir entre 3 filières : S, L ou ES. S c’est pour les scientifiques, tu bouffes des maths, de la physique, et de la bio, L c’est pour les littéraires, tu fais surtout de la philo et du français, et ES, économie et là j’avoue, je sais pas trop ce qu’ils faisaient. Alors comme tous les littéraires frustrés j’ai fait S avec spécialité bio, j’adorais ça. Et puis en Maths et en physique ben j’ai subi. Je me rappellerai toujours la formule de l’énergie cinétique car la prof de physique la répétait, ou plutôt la criait, jusqu’à ce que ça rentre dans notre crane. ½ de MV carré ! En maths je passais mon temps à bavarder. Le prof était sympa, il disait presque rien. A la fin je m’en suis sortie en apprenant les formules de maths par cœur. Alors après toute cette galère à essayer de suivre des protocoles chimiques et à tenter d’intégrer qu’on parlait d’un nombre qui en fait n’existe pas. Nan mais sérieux, le jour où j’ai appris que i au carré égale moins 1 là j’ai été déçue. On m’avait dit que le carré d’un nombre c’était toujours positif ! Après toute cette galère, je disais, ça été le soulagement quand je suis arrivé en hypokhâgne. Je m’suis pris des taules mais au moins ce que j’apprenais m’intéressait. En latin on traduisait L’histoire de Psychée et Cupidon. C’est 1000 fois mieux que 50 nuances de gris. Par contre j’ai aussi vécu la honte de ma vie en cours d’histoire. Le prof nous avait dit de revoir tout le chapitre sur les paysans et les bourgeois pour l’examen, alors c’est ce que j’avais fait. Il était sadique. Le jour de la dissert’ il nous a distribué nos sujets : Le quotidien des français pendant la première guerre mondiale. Vous avez 4 heures. J’avais rien révisé de tout ça. Je me rappelais vaguement des anecdotes que le prof nous avait raconté pour agrémenter son cours. Alors après avoir passé une petite heure à transformer les termes du sujet pour faire rire les potes, j’ai écrit des âneries. Le lundi suivant, Le prof me voit arriver, il m’arrête devant la porte et me crie : « Croisé, ici ! » en pointant une chaise au premier rang. Une fois tout le monde installé, il prend ma copie et commence à lire, d’un air à la fois indigné et moqueur. La honte. Qu’est-ce que tu veux faire quand tu seras grande ? Pas historienne visiblement. C’est la même année, en prépa justement que j’ai eu ce déclic. J’étais invitée à la célébration des 50 ans de mon école primaire. L’événement avait lieu là-bas. J’y suis allée sans m’attendre à quoique ce soit. J’ai fait un tour dans les classes. Dans l’une d’entre elle, la classe de CM1, il y avait un grand dessin affiché au mur. La marmotte. La maitresse l’avait gardée, et après son départ en retraite, les autres profs avaient décidé de l’encadrer et de la mettre sous verre. La marmotte bien sûr. C’était comme si elle m’attendait dans cette classe depuis 10 ans. Je me sentais à ma place. Et c’est là que je me suis dit : Je veux devenir professeur des écoles.

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